Dirk Nowitzki : Monsieur 30 000 points !

Sixième joueur à dépasser le plateau des 30 000 points inscrits sur les parquets NBA, Dirk Nowitzki est définitivement rentré dans la confrérie des plus grands basketteurs de l'histoire. Respect mister, ou plutôt Herr NOWITZKI !

Forcément, le chiffre donne le tournis. Des images de Dirk reviennent en mémoire : celles d'un allemand mal dégrossi à la coupe de cheveux grotesque déboulant en Amérique ; sa silhouette qui se carrosse au fil des matchs jusqu'à devenir l'une des plus puissantes et pourtant déliées de la NBA. Dix-neuf saison au compteur sans vrais bobos. Et lui le gosse de Würzburg, Allemagne, a tout gagné. Au point d'être considéré comme un empereur, une icône à Dallas, cette métropole du Texas dont les habitants aiment pourtant le slogan du consternant Donald Trump : "America First". Ne mélangeons pas. Mais constatons que la route est toujours un peu plus compliquée lorsque l'on vient d'Europe. Et que l'on est blanc de peau de surcroit. Une étude récente a prouvé qu'à niveau égal, les joueurs afro-américains étaient plus populaires sur les réseaux sociaux que les blancs. De ce point de vue aussi, Nowitzki est un pionnier. Jamais un joueur né hors des Etats-Unis (un "international", pour reprendre le terme générique un peu condescendant employé aux Etats-Unis) n'avait été aussi haut. Plus de 30 000 points, ça en impose !

"Dirk a été un modèle et un formidable ambassadeur pour le basket. Ses performances récentes l'installent parmi les plus grands joueurs NBA de tout les temps." Rare qu'Adam Silver, le patron de la ligue, se fende d'un communiqué officiel. Ce fut pourtant le cas au lendemain de la victoire de Dallas face aux Lakers durant laquelle le géant allemand a atteint le plateau des 30K. Les gradins des Mavs étaient bourrés de fans portant le T-Shirt avec l'inscription 30K et la silhouette de Dirk en action. Mark Cuban, le bouillonnant propriétaire du club s'est joint aux coéquipiers du n°41 pour le féliciter sur le parquet.

Est-il donc vraiment l'un des plus grands ? a l'inverse de certains (particulièrement Karl Malone), Nowitzki a été champion (en 2011). Mais il ne l'a été qu'une fois (contre six à Michael Jordan et cinq pour Kobe Bryant). Il a été MVP de la saison régulière, année faste durant laquelle il a shooté à plus de 50% d'adresse à deux points, 40% à trois points et 90% aux lancers-francs. Le jeu de Nowitzki est quasi sans défaut. Son adresse en fait vraiment l'un des "big men" les plus remarquables de tous les temps. Il détient une moyenne de 22 pts par match depuis son arrivée en NBA avec des pointes à plus de 25 pts entre 2002 et 2010. L'une de ses plus grandes forces aura été de passer à travers de blessures sérieuses (mis à part tout de même une tendinite difficile à soigner aux Achille lors de l'automne et l'hiver dernier). A l'exception de 2012 et 2013, il a toujours disputé plus de 75 rencontres de saison régulière. Constance dans ses performances, présence quasi systématique sur les parquets : Nowitzki est un modèle de professionnalisme. Combien sont ils à durer comme lui deux décennies au plus haut niveau sans connaître de trou d'air ?

Jamais pourtant, à l'inverse de Tim Duncan, son nom n'a été cité parmi les dix meilleurs joueurs de l'histoire. Personne même ne le place dans le top 3 des ailiers forts de tous les temps. Duncan oui, Malone oui, Kevin Garnett ou Charles Barkley peut-être. Nowitzki aura eu le désavantage par rapport à certains d'évoluer dans un club moins performant que les San Antonio Spurs ou les Boston Celtics. Pourtant, il a déjà réussi à déjouer les pronostics lors de la saison 2011 en s'imposant lors de la première saison de LeBron à Miami.

Bienvenue Dirk dans le club des 30 000. Et félicitations pour l'ensemble de ton oeuvre. Vraiment. Seul avant toi Karl Malone et Kobe Bryant  avait réussi cet exploit en restant fidèle à leur club. Cuban a toujours dit qu'il ne laisserait pas partir son Allemand. Nowitzki finira donc sa carrière à Dallas. Pas au printemps prochain. Plus vraisemblablement à l'été 2018. Vingt ans après avoir été drafté. Quel périple !